07 December 2006

Le gouvernement veut généraliser la télévision sur téléphone mobile

D'ici à la fin de 2007, les parisiens pourront peut-être regarder la télévision sur leur téléphone mobile dans le métro. François Loos, ministre délégué à l'industrie, devait participer, mercredi 6 décembre, à la première démonstration de télévision mobile personnelle dans une rame entre les stations Assemblée nationale et Concorde. Le 8 novembre, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture avait lui aussi pu regarder la télévision sur un mobile dans les couloirs de la station Concorde.

Pour réaliser ce test, la RATP, l'ensemble des chaînes de télévision et les opérateurs de télécommunications se sont associés avec TDF, principal diffuseur de télévision. Celui-ci a obtenu du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) une autorisation temporaire d'utilisation de fréquence pour expérimenter la couverture du métro.

En France, la télévision sur mobile existe déjà sur les réseaux haut débit des opérateurs de télécommunications (technologie dite 3G ou UMTS). Pour l'instant, seulement 3,4 millions de Français sont équipés d'un mobile permettant de recevoir ce service et seulement 1 million est actif.

Regarder la télévision sur le réseau UMTS est non seulement coûteux, puisqu'un canal est réservé pour chaque abonné, mais le système saturerait également rapidement si tous les abonnés au téléphone mobile se mettaient à regarder la télévision en même temps. Enfin, la qualité de l'image n'est pas toujours au rendez-vous.

Pour résoudre ces problèmes, une des solutions est la télévision hertzienne en mode "broadcast", c'est-à-dire en continu et en direct. Un tel système permettrait de regarder la télévision, comme chez soi, à n'importe quelle heure et surtout n'importe où.

Des expérimentations ont été lancées par les trois opérateurs, Orange, SFR et Bouygues Telecom. Selon les premiers résultats, les clients "cobayes" regardent la télévision sur leur mobile en moyenne une vingtaine de minutes par jour, à leur domicile, dans les transports et au bureau.

Ils veulent retrouver les mêmes programmes que sur la télévision classique. Enfin, près de 70 % d'entre eux ont déclaré être prêts à souscrire à une offre payante, comprise entre 5 et 10 euros par mois. "Il ne faut donc plus attendre et notre pays doit jouer un rôle moteur dans le développement de la télévision mobile", affirme M. Loos.

Tous les acteurs se sont donnés comme objectif d'être prêts lors de la Coupe du monde de rugby en septembre 2007. Mais cela nécessite de surmonter plusieurs obstacles.

Il faut adopter la loi sur la modernisation de la diffusion audiovisuelle et la télévision du futur : passée au Sénat, celle-ci doit être examinée à l'Assemblée nationale fin janvier.

Il faut aussi se mettre d'accord sur une norme commune, allouer aux opérateurs un réseau de fréquences suffisantes pour faire passer les chaînes de télévision et surtout faire converger les intérêts des diffuseurs, des chaînes de télévision et des opérateurs de télécommunications.

En effet, certains opérateurs sont tentés de développer leurs propres contenus et de faire payer l'offre de télévision, alors que les chaînes de télévisions défendent un modèle gratuit, accessible au plus grand nombre afin d'accroître leurs revenus publicitaires.

Côté norme, un consensus semble se détacher pour le DVB-H, déjà en place en Italie et en Finlande. Celle-ci permet d'avoir une qualité d'image excellente et surtout sans limitation du nombre de spectateurs. Quant aux fréquences, "un réseau devrait être prêt dans une quarantaine de villes d'ici à septembre 2007", indique Janine Langlois-Glandier, présidente du Forum TV mobile.

Reste à savoir qui sera l'opérateur de ce réseau dont le coût est estimé par le cabinet d'études OC & C à 300 millions d'euros sur cinq ans pour couvrir les deux tiers de la population.

"Pour l'instant, tout pousse les opérateurs de diffusion (TDF et Towercast) à ne rien faire tant que les opérateurs mobiles et les chaînes de télévision ne sont pas d'accord", estime les analystes d'OC & C.

D'après leurs prévisions, ce marché devrait attirer 6 millions d'abonnés et générés plus de 500 millions d'euros de revenus (hors revenus publicitaires) dès 2013 et le double en 2017.

(LeMonde.fr)

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